POLICE; MENOTTES… PRISON

Lundi 2 octobre 2023, 15H45:

Message téléphonique : « Bonjour. C’est la gendarmerie de Quissac. Pourriez-vous rappeler s’il vous plait? C’est au sujet d’une plainte qui a été déposée contre vous. »

Lundi 2 octobre 2023, 15H50:

– « Bonjour. M. Authelain à l’appareil. Vous venez de me laisser un message.
– Bonjour. Une plainte a été déposée contre vous par les membres du conseil municipal. Je dois vous auditionner à ce sujet. Pouvez-vous passer à la gendarmerie?
– Une plainte a été déposée contre moi? Par des élus de la commune? Quel en est le motif?
– Diffamation. Je dois donc vous convoquer et vous auditionner. Quand pourriez-vous passer?
– Lundi prochain en début d’après-midi. Disons, 14H15?
– Parfait c’est noté. A lundi donc. Au revoir.
– Au revoir. »

Lundi 9 octobre 2023, 14H15, Gendarmerie de Quissac:

– « Bonjour. Je suis David Authelain. Nous avons rendez-vous.
– Veuillez me suivre s’il vous plaît. »

Nous nous installons dans une pièce. Nous ne sommes pas seuls. À un autre bureau, une gendarme prend une plainte. Quatre personnes se succèderont dans le même bureau cet après-midi là: pas d’intimité, tout se passera en public…

– « Je vous ai convoqué aujourd’hui car les membres du conseil municipal ont porté plainte contre vous pour diffamation. Ils estiment que certains propos que vous tenez dans votre blog sont diffamatoires. Ce sont des élus. C’est le même cas qu’un fonctionnaire ou une personne dépositaire de l’autorité publique: il s’agit potentiellement d’un délit. Si le procureur décide de vous poursuivre, et que l’affaire est portée devant le tribunal, ce délit est passible de 12 000 euros d’amende.
– Ah. Quand même…
– J’ai donc des questions à vous poser au sujet de cette plainte. Vous avez le droit de vous faire représenter par un avocat. Souhaitez-vous vous faire représenter par un avocat?
– Je n’ai pas d’avocat…
– Bien. Vous pouvez aussi choisir de ne pas répondre aux questions que je vous poserai.
– Très bien. Puis-je vous demander quand cette plainte a été déposée?
– Au mois de mai.
– Et vous ne me convoquez que maintenant? Comment est-ce possible?
– …
– Ok. Puis-je vous demander une dernière chose? Qui a déposé plainte? Le conseil municipal, en tant qu’assemblée délibérante, ou des élus du conseil municipal?
– M. Philippe Chabanel est venu porter plainte en son nom avec une procuration signée par l’ensemble des autres élus du conseil municipal qui s’associent à sa plainte…
– M. Chabanel, dont le nom n’apparaît jamais dans mon blog, porte plainte pour diffamation? C’est possible?
– Je n’ai pas à juger du bien fondé de la plainte. C’est le procureur qui décidera de la suite à donner à la plainte.
– Et concernant les autres élus, qui eux-aussi, ne sont jamais nommés dans mon blog?
– Là encore, c’est le magistrat qui décidera si la plainte est recevable ou pas. »

Viennent ensuite des questions auxquelles je ne m’attendais pas:

– « Quel est votre métier?
– Quel est votre salaire?
– Dans quelle banque est votre compte bancaire?
– Quel est le montant de votre épargne?
– Est-elle dans la même banque que votre compte courant? Si ce n’est pas le cas, où est votre épargne?
– Régime matrimonial, profession de votre conjointe, nombre et âge des enfants… »

Je me sens comme un bandit qui vient de se faire attraper… et qui s’apprête à passer un mauvais quart d’heure…

Sont ensuite abordés les points précis sur lesquels porte la plainte. J’ai anticipé les choses en prenant pas mal de documents avec moi ainsi que mon ordinateur. Je réponds aussi précisément que possible, je montre tous les courriers écrits depuis le début de la nouvelle mandature, que ce soit aux conseillers municipaux (qui n’y ont jamais répondu) ou à la Préfecture, en détaillant ce sur quoi je m’appuie pour élaborer les textes de mon blog. Les écrits restent, l’oral également: j’ai enregistré toutes les séances du conseil municipal depuis le début. Cela m’a été vivement reproché à diverses occasions. Idem en ce qui concerne la tenue de ce blog. Lorsque le gendarme me demande quelles sont mes relations avec Mme Pratlong, ancienne maire du village, je lui réponds qu’elles sont excellentes. Elle se propose de venir témoigner si nécessaire, notamment sur certains sujets un peu sensibles.

Le gendarme photocopie certains documents que j’ai apportés. Je ne parviens pas à remettre la main sur un courrier que j’ai adressé à l’époque à l’ensemble du conseil municipal. Il porte sur un point précis évoqué dans la plainte. Il m’aiderait à justifier mon propos. Puis-je le ramener plus tard si j’arrive à remettre la main dessus? Il acquiesce. Je fouillerai mes dossiers et finirai par retrouver ce courrier, ainsi que les échanges de mails avec la mairie. Je repasserai lui donner le tout le vendredi suivant.

Je n’aurai accès personnellement à aucun document concernant la plainte. Comment est-elle formulée? Quels propos ont exactement été tenus par celui qui est venu porter plainte au nom de tous les élus de la commune? Je n’ai pas le droit de savoir. Un bandit, vous dis-je…

L’entrevue durera presque 3 heures.

A la fin, dernière épreuve. Un p’tit truc de rien du tout, auquel je n’aurais jamais pensé être confronté. C’est à priori une obligation dans le cas qui nous occupe.

Le gendarme, avant de me laisser quitter le lieux:

– « Comme il s’agit potentiellement d’un délit, je dois prendre vos empreintes et faire des photos. Si la plainte est classée, si le procureur décide de ne pas vous poursuivre, tout sera détruit, et il n’y aura aucune trace de tout cela.
– Je comprends. »

Prise d’empreintes, doigt après doigt, paume de main après paume de main… Pose devant le mur blanc de la gendarmerie pour des photos de face, de profil, de trois-quarts… Vraiment, un bandit…

Nous nous saluons cordialement à la fin de cette entrevue, et je quitte la gendarmerie ne sachant pas trop quoi penser de tout ça. Un peu sonné. Il me faut digérer ce moment un peu surréaliste.

Mardi 17 octobre 10H45:

Vous avez un nouveau message: « Bonjour. Ici la gendarmerie de Quissac. Je vous appelle pour vous dire que le procureur a décidé de classer la plainte sans suite et donc, de ne pas vous poursuivre. Bonne journée. Au revoir. »

Je compose le numéro du dernier appel. Le gendarme décroche assez rapidement. Il me confirme de vive voix que l’affaire est classée et qu’il n’y aura pas de suite. Ouf! Voilà un épisode de ma vie durfortoise que je ne suis pas prêt d’oublier.

Quels enseignements tirer de cette histoire?

Tout d’abord un point essentiel: rien dans mon blog ne relève de la diffamation. Tout ce que j’ai écrit repose sur des éléments factuels. Je suis en mesure d’étayer chacune de mes affirmations.

Se pose ensuite la question de l’évènement lui-même. Si le sujet n’était pas aussi grave, on pourrait trouver cocasse la situation: ceux-là même qui m’ont un jour reproché des pratiques dignes « de régime totalitaire », ou de « la STASI », au sujet d’enregistrements de séances – que la loi, rappelons-le une fois de plus, permet – portent plainte aujourd’hui parce que j’exprime mon point de vue dans un blog. Quel est le but? Qu’ont-ils en tête à ce moment-là?
Rappelons que la plainte a été déposée au mois de mai, c’est à dire juste après mes deux premiers articles portant sur le PLU, point central de toutes les crispations sur le village (ici et ici). Cette façon de faire n’est-elle pas en tout point semblable aux procédures bâillon que Bolloré impose aux médias qui font des révélations sur ses pratiques, dans l’unique but de les faire taire ? Je laisse le lecteur juge…

Reste un dernier point: que 3 ou 4 élus, qui expriment depuis le début du mandat un fort ressentiment à mon égard, décident d’un tel coup bas, je peux l’entendre… Que tou(te)s les autres suivent comme un seul homme, et notamment deux élus qui se sont à l’époque présenté à mes côtés sur la liste qui proposait une continuité avec le travail accompli par l’ancienne équipe municipale m’interpelle… Là encore, chacun(e) jugera.

Une dernière chose: pourquoi ce titre?

Pour le plaisir de rire un peu et de dédramatiser la situation.
« Police, Menottes… Prison ». Ce sont les paroles prononcées par Michel Galabru dans une scène célèbre du film « Subway » de Luc Besson. Cette scène me fait rire depuis mon adolescence. Je me plais à imaginer que certains auraient bien aimé entendre ces quelques mots prononcés à mon endroit… Mais chut ! Il s’agit probablement encore de diffamation…

A suivre!

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