Petite chronique décalée du CM: Quoi d’neuf en 2022?! – 3/4

Troisième article d’une série de 4 au sujet de l’actualité du conseil municipal de Durfort en 2022.

Le premier est à retrouver ici, le deuxième ici.

A Durfort, on n’a peut-être pas « d’argent magique », mais on a de l’eau magique !

Depuis le début de la mandature, le message « municipal » est : on rattrape les carences de la mairie précédente … Mais comment a-t-on pu vivre à Durfort si tout allait mal jusque là ???

Dans le « Durfort Mag » de Décembre 2021, l’édito du maire donnait l’information suivante: « les travaux engagés sur les réseaux depuis un an et notamment les recherches et réparations de fuites portent leurs fruits: ce sont près de 39 000 M3 d’eau représentant un montant de 92 500 euros pour l’année 2021. »

De quoi parle-t-on?

Lors de la séance du 5 Avril, le maire est revenu sur ces chiffres. Le « budget est marqué par une forte baisse des achats en eau. Sur 2021, on a consommé 39 000 M3 en moins, ce qui fait qu’on est passé de 55 000 M3 à 16 000 M3 ».

Nous avons donc consommé moins d’eau en 2021 qu’en 2020. Mais quelle est la source (c’est le cas de le dire) des 39 000 M3 économisés:

  • traitement des fuites sur le réseau grâce aux travaux engagés par la nouvelle municipalité,
  • baisse générale de la consommation sur le village,
  • baisse de la consommation par abonné?
  • autre chose?

Comment savoir ?

… En se plongeant dans le document de référence en la matière, le RPQS (Rapport sur la Qualité et le Service de l’eau potable accessible ici). Examinons un peu les chiffres…
Selon le RPQS adopté en conseil municipal l’an passé lors de la séance du 21/05/21 (accessible ici), le volume total des fuites du réseau d’eau en 2020 était de 27 200 M3. Difficile dès lors de prétendre économiser 39 000 M3 d’eau grâce aux travaux entrepris. Sur ce même RPQS, j’avais à l’époque relevé quelques « anomalies » au sujet desquelles j’avais interrogé le maire par écrit. Celui-ci ne m’a jamais répondu.
J’avais constaté que la source qui fournit une partie de nos approvisionnements en eau avait vu sa production baisser significativement de 2019 à 2020. Le volume total produit était passé de 35 570 M3 en 2019 à 22 380 M3 en 2020 (page 8 RPQS eau potable), soit un écart de 13 190 M3. Le volume acheté au syndicat de Lasalle passait dans le même temps de 41 151 M3 en 2019 à 67 200 M3 en 2020, soit une augmentation de 26 049 M3 (page 9 RPQS eau potable).

Mais encore?

Le volume total d’eau mais en distribution en 2020 était de 89 580 M3. En 2021, il a été de 68 249 M3, ce qui fait une différence de 21 331 M3. Là encore, on ne retrouve pas les 39 000 M3 annoncés.
Sur le CR de la séance du 31 mai 2022 au cours de la quelle le RPQS 2021 a été adopté, on peut lire la chose suivante: « baisse d’environ 10% de la consommation moyenne par abonné témoignant de l’utilité des travaux d’amélioration sur les réseaux effectués ».
On passe de 102,6 M3 par abonné à 83,94 M3 par abonné entre les deux années, ce qui, fait plutôt une différence de l’ordre de 20% environ. La consommation moyenne par abonné prenant en compte le volume consommé autorisé, en excluant les pertes du réseau (page 8 du RPQS), je ne vois pas comment un lien de cause à effet entre la consommation moyenne par abonné et les travaux – dont je ne conteste pas la réalité, et qui ont eu pour conséquence une baisse effective des pertes – peut être mis en avant.

La source du Montaud a délivré 51 507 M3. On constate avec le graphique de la page 9, que, si la source du Montaud a cette année produit bien plus que l’an passé, sa production reste cependant bien inférieure à certaines années (51 507 M3 en 2021, mais environ 78 000 M3 et 80 000 M3 en 2013 et 2014, 70 000 M3 et 68 000 M3 en 2015 et 2016 par exemple). Je repose donc ici ma question: comment explique-t-on ces écarts de production de notre source d’une année sur l’autre?

Puisqu’il faut réfléchir sur la question de l’eau, allons jusqu’au bout: entre 2019 et 2020, le volume total vendu aux abonnés sur le village est passé de 45 682 M3 à 58 380 M3, pour revenir en 2021 à 46 586 M3 en 2021. Cette valeur se situe dans la moyenne observée entre les années 2012 et 2021, exception faite de l’année 2020 (page 10 du RPQS)… Que s’est-il donc passé en 2020? Est-ce lié au Covid? J’avais posé cette question… Aucune réponse ne m’a été apportée. Il me semble intéressant, lorsque l’on répète à longueur de journée que c’est bien entendu parce que rien n’a été fait comme il le fallait lors de la précédente mandature, de se pencher sur la raison d’être de tels changements de volume et/ou de consommation, surtout que l’année 2020, année phare du Covid et des confinements successifs reste une année particulière qui doit être scrutée avec la plus grande attention. Après tout, ce genre d’évènement, vue la tournure actuelle du changement climatique, peut être appelé à se reproduire pour d’autres causes qu’un virus respiratoire…

On apprend aussi dans ce document que le linéaire de canalisations du réseau est passé de 10,7 km à 10,8 km. A quoi correspondent ces 100 mètres supplémentaires de réseau?

Le rendement du réseau s’améliore …

… ce qui signifie que les fuites sur le réseau diminuent effectivement, et c’est positif. Mais cette tendance existait déjà entre 2019 et 2020: le rendement est passé alors de 64,8% à 69,6%, pour se situer en 2021 à 74,1%, ce qui constitue une augmentation relativement similaire à celle observée entre 2019 et 2020 (page 17 du RPQS). On constate d’ailleurs que ce rendement revient simplement au niveau du rendement observé dans les années 2016 et 2017. On peut de même observer qu’entre 2012 et 2014, le rendement du réseau a considérablement chuté, et que c’est à partir de 2014, année qui a vu l’arrivée de l’ancienne municipalité tant critiquée, que le rendement est reparti à la hausse. Cette valeur est donc très volatile.

Le renouvellement du réseau est finalement la valeur la plus importante. On note à ce sujet un progrès réel, mais qui semble encore insuffisant. La durée de vie théorique des canalisations est de 50 à 80 ans. Dans le meilleur des cas, on parle de 100 ans. Cela signifie, pour faire simple, qu’il faut renouveler 1% du réseau tous les ans, pour que le réseau soit maintenu dans un état satisfaisant. Les chiffres les plus volontaristes parlent de renouveler le réseau sur 50 à 60 ans, ce qui signifie un taux de renouvellement compris entre 1,5 et 2% par an. Or, sur Durfort, le taux, certes en progrès, de renouvellement du réseau en 2021 est de 0,56% (page 19 du RPQS). En 2017, la moyenne nationale du taux de renouvellement des réseaux était de 0,61% (voir ici). On est donc en dessous de ce taux à Durfort. En 2019, le taux national est de 0,66% (voir ici).
Le taux idéal de renouvellement annuel se situe entre 1 et 2% (voir ici). On en est loin à Durfort. Seule une politique volontaire de renouvellement systématique de portions entières du réseau, et pas seulement le renouvellement des portions qui fuient permettra, sur du long terme, de maintenir un réseau en parfait état.

Bref, si à Durfort nous n’avons pas « d’argent magique », un peu de « poudre de perlimpinpin » permet de faire dire aux chiffres ce que l’on veut, et, avec une constance qui frise le comique de répétition dans la bouche de certain(e)s, pourrait permettre de laisser penser qu’avant, rien n’était fait, ou pas comme il faut, mais que maintenant, tout est enfin fait dans les règles de l’art… Raccourci un peu simpliste à mon avis…

Proposition: mettre en oeuvre une réelle dynamique de renouvellement du réseau, en fixant comme objectif à court terme d’atteindre le taux national, puis, à terme, viser un taux de renouvellement minimum de 1% par an, en intégrant le surcoût inévitable dans le prix de l’eau. Il est une règle à laquelle on ne peut déroger: l’eau paye l’eau!

A SUIVRE

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