Petite chronique décalée du conseil municipal – 22/01/21 –

Comme je n’ai pas pu assister à ce conseil municipal, je ne peux que commenter les décisions sur quelques points de l’ordre du jour …

Sur l’appel d’offre en matière de mobilier urbain

Lors du CM du 25 septembre de l’an de m… 2020, nous avions parlé achats de mobilier urbain pour la commune (voir ici). J’avais exprimé mon désaccord quant au choix des sociétés retenues, en en proposant une autre, proche et à taille humaine (David Steinfeld de Monoblet, voir ici). Monsieur le maire avait clos la discussion sur ces mots : « Je suis prêt à ce qu’on vote une délibération où on engage un certain montant, et qu’on consulte éventuellement cette entreprise et puis après on verra. » J’avais alors rêvé que nous apprenions à nous écouter et à prendre en compte ce que disait l’autre. 

J’étais ravi, mais surtout… très naïf: j’ai découvert dans le Durfort Mag du 4 Décembre que le mobilier urbain en question (les jeux de le rue haute) étaient arrivés en mairie et attendaient d’être montés. J’ai alors vérifié auprès de David Steinfeld: à aucun moment la mairie ne l’avait contacté, alors qu’elle s’y était engagée. Surpris ? À l’époque… un peu. Aujourd’hui plus du tout, car j’ai enfin compris où j’ai mis les pieds.

Lors du CM qui nous intéresse, trois nouveaux achats étaient à l’étude : un abri-bus, un cache-poubelle, et 6 canisettes (encore appelés « dispositifs de propreté canine »). Sans m’étendre ici sur la pertinence de ces achats, je ferai une ou deux remarques:
– La CCPC ayant le projet de mettre en œuvre la tarification incitative (voir ici ), les points de collecte de déchets risquent d’être modifiés. Faut-il engager des dépenses aujourd’hui alors que la validation du PLPDMA (Plan de Prévention des Déchets Ménagers et Assimilés) et le vote du budget sont prévus pour le printemps 2021 ? Pas convaincu… 

– Par ailleurs, acheter 6 dispositifs de propreté canine (2 100 euros HT) incitera-t-il vraiment  celles et ceux qui ne ramassent pas les déjections canines à le faire ? Pas convaincu non plus…

Intéressons-nous maintenant aux fournisseurs contactés: pour ces trois achats, l’équipe municipale a fait réaliser devis par 3 sociétés, Adéquat Collectivités, KG Mat Collectivités et JPP Direct. 3 sociétés, vraiment ?… 

– JPP Équipement appartient à la société Alizon Participation, qui appartient à la Société Civile (SC) Jérôme André qui appartient en quasi-totalité à M. Jérôme André.

– Adéquat collectivités et KG Mat Collectivités appartiennent toutes les deux à la société Créacom, qui appartient à … Alizon Participation, qui appartient à SC Jérôme André qui appartient donc à… Jérôme André.

Plus qu’un grand discours, voilà un petit schéma récapitulatif de l’organigramme de ces 3 entités… 

Bref, nous voilà face à trois sociétés qui appartiennent toutes à Jérôme André. Personnellement, je n’appelle pas ça de la mise en concurrence… Tous les liens vers les sources ici, ici, ici, ici, ici et ici.

N’y a-t-il aucun artisan local capable de réaliser ce genre de chose ? Bien sûr que si. J’ai déjà évoqué David Steinfeld à Monoblet (voir ici). Il y en a probablement d’autres. Il s’agit de chercher et de prendre (un peu) de temps. Faut-il, en outre, que Durfort ressemble à toutes les villes ? On voit à Sauve, Quissac, Vauvert, Aimargues, les mêmes revêtements de sol, les mêmes pots gigantesques destinés à recevoir de la végétation, les mêmes rambardes et balustrades, les mêmes aménagements… Cette uniformisation est à l’image de ce qui se passe dans le monde d’après qui décidément, ressemble un peu trop à celui d’avant, mais en pire : des géants rachètent peu à peu tous leurs concurrents, grossissent sans discontinuer, et imposent partout leur vision standardisée et aseptisée de ce que doivent être, à leurs yeux, notre environnement et notre cadre de vie. Et si nous décidions de faire autrement ?

À propos, qui est Jérôme André ? 

Quelqu’un de très discret, puisqu’on ne trouve rien sur sa vie privée sur le net. En revanche, on trouve quelques informations sur les 97 mandats qu’il détient dans autant d’entreprises.

– Examinons, au hasard, la Société Civile Jérôme André d’un peu plus près. 

Activité principale : locations de terrains et autres biens immobiliers. Capital social : 41,3 millions d’euros… Oui oui, tu as bien lu ! Quelque chose à signaler au cours des deux dernières années? Une augmentation de capital de 7,5 millions d’euros le 28 février 2019. M. Jérôme André a apporté 5,4 millions d’euros, la SCP Anjupi (gérant… M. Jérôme André), 1,5 millions d’euros, et Mme Nathalie André (née Michel) 54 000 euros… ( voir ici, ici et ici)

– En étudiant le calendrier de cette augmentation de capital, un doute me saisit : elle intervient un an après que le président Macron a transformé l’ISF (Impôt de Solidarité sur le Fortune) en Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI). Comme si de – très – grands propriétaires immobiliers (activité principale de la SC Jérôme André) avaient décidé de transformer une partie de leurs actifs immobiliers – taxables – en actifs mobiliers – non taxables… (voir ici). Pure spéculation de ma part ? Possible.

– Combien de personnes autour de nous capables d’apporter 7,5 millions d’euros dans une société leur appartenant déjà en totalité à hauteur de 34 millions d’euros ?… Tout en étant propriétaires par ailleurs d’autres sociétés …

Celles et ceux qui souhaitent construire le monde d’après devraient se tenir éloignés de tels individus, à plus forte raison lorsqu’ils sont élus, gèrent des fonds publics, et passent commande pour la collectivité… Si les élus ne le font pas, peut-on vraiment espérer que des investisseurs privés, l’oeil rivé sur la rentabilité court-termiste de chacun de leurs placements le fassent ? Notre monde est en train de se désagréger sous nos yeux : climat (voir ici), explosion de la pauvreté (ici) et des inégalités (ici), environnement et biodiversité (ici), délitement social (ici), santé mentale (ici), jeunesse sacrifiée (ici et ici)… Tout cela n’a que trop duré.

Jérôme André me fait penser à un autre géant du commerce qu’il faut combattre : le patron d’Amazon, Jeff Bezos. Certes, ils ne jouent pas dans la même cour, mais tout de même … (voir ici)

Et puisqu’on parle d’Amazon !

Sache, ami(e) lecteur/trice, qu’il y a un projet d’entrepôt de ladite société à Fournès, à côté de Remoulins. Le 30 janvier était une journée de mobilisation. Près de 1 000 personnes avaient fait le déplacement, dont ton serviteur… Pour gagner, c’est à dire empêcher l’implantation de cet entrepôt, la destruction des terres agricoles du site, la destruction d’emplois (contrairement à la légende, Amazon détruit plus d’emplois qu’il n’en crée), et stopper les centaines de camions quotidiens déjà programmés, puis aider à la réalisation d’une régie agricole intercommunale comme le souhaitent celles et ceux qui se battent là-bas, en lieu et place de cet avatar de notre monde malade, nous avons besoin de l’aide de tout le monde. 

Pour accéder à la revue de presse relative à cette journée, cliquer ici.

Et sinon, un petit résumé ci-dessous (La Mule du Pape, média indépendant basé à Montpellier)

Sinon, quoi d’autre ?

Etaient également à l’ordre du jour de ce conseil les Lignes Directrices de Gestion, relatives aux carrières des agents municipaux. C’est l’application de la « loi de transformation de la fonction publique du 6 août 2019 »: derrière les promesses de « modernisation », de « souplesse » et « d’ouverture » dont se targue cette réforme, celle-ci masque en réalité une dangereuse fragilisation du statut de fonctionnaire, une précarisation accrue des contractuels, et l’application des logiques du secteur privé à l’ensemble des services publics. C’est à dire la poursuite de ce qui se fait depuis maintenant 30 ou 40 ans, avec l’accélération vertigineuse que l’on sait ces dernières années. 

Les trois principes fondateurs du statut de fonctionnaire – égalité, indépendance et neutralité, et responsabilité – garantissent que le service public est assuré par des fonctionnaires de manière neutre, impartiale et dans l’intérêt général. Ils protègent l’usager citoyen et la population contre les dérives des décisions administratives et politiques. Or, ils sont directement remis en cause par le contenu de cette loi. Pense-t-on vraiment, après l’année terrible que nous venons de traverser, que c’est en détruisant le statut de la fonction publique, en recourant massivement aux contractuels (précaires et en CDD de préférence) que les blessures de notre société seront pansées, que nous irons vers un monde meilleur, plus juste et prêt à affronter les défis du XXIe siècle ? Pas tout à fait convaincu. Tout cela relève plutôt d’une vision ancrée dans un XIXe siècle que tous les progrès du XXe n’ont pas réussi à éradiquer complètement.

Pour celles et ceux qui veulent aller plus loin dans la compréhension de cette loi, voir ici un texte synthétique et ici une analyse plus fouillée de la CGT.

Rien à reprocher sur ce sujet à M. le maire. Il se contente d’appliquer la loi. Mais là comme ailleurs, un peu de résistance et une prise de position officiellement insoumise sur le sujet seraient bienvenues… 

Quelque chose à ajouter ?

De par mon absence, j’ai raté la discussion sur la future antenne 4G… Ceux qui me connaissent savent à quel point ce sujet me tient à coeur (voir ici)… Du coup, je n’en sais pas plus, et vous invite à demander à M. le maire où on en est.

Et enfin – last but not least – un petit point en toute fin des questions diverses : « Réflexion sur mise en adéquation du PLU avec les demandes diverses d’installation d’agriculteurs ou entrepreneurs et consultation de services de l’état ». Tiens tiens, on envisage de modifier le PLU ? Probablement pour de bonnes raisons. Mais enfin… Bizarre, vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre…  

À suivre !

Merci à Josiane, l’association Adere, et la Mule du Pape pour les visuels de cet article!

Merci à Isabelle pour la synthèse extraite du blog « Le vent se lève » pour la loi de transformation de la fonction publique.

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